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Catégories : Conseils sport

Quand l’entrainement bat le talent : la performance selon Edwin Gaufrès

A la vue des résultats sportifs de certains athlètes, on serait tentés de croire que nous ne sommes pas tous égaux face à la performance. Il semblerait pourtant que ce soit un peu plus compliqué que ça.

Mais alors de quoi parle-t-on quand on parle de performance ? Quels sont ses secrets ? Comment continuer à progresser ? Nous avons rencontré avec Edwin Gaufrès, champion d’escalade, kiné militaire et ambassadeur RGENTec, qui nous a partagé sa vision et quelques précieux conseils.

Edwin Gaufres, kiné militaire et champion d'escalade

La difficile définition de la performance sportive

Edwin Gaufrès est un hyperactif : en plus d’avoir été médaillé aux championnats militaires nationaux, européens et mondiaux d’escalade sportive, il est également kiné au sein de l’armée, coach sportif, consultant en préparation physique et… jeune papa.

Néanmoins, quand on lui demande de définir la notion de performance, il marque un temps d’arrêt. « C’est vraiment une question complexe. Pourtant, j’y ai consacré une partie de mon mémoire de fin d’études ! » avoue-t-il dans un sourire. « La difficulté, c’est que chacun peut la qualifier à sa manière. Mais si on devait poser une définition plus universelle, je dirais que la performance, c’est un résultat ou une réalisation remarquable. Ça peut être un chrono (dans le cas d’une course), un score (pour un match), ou encore une cotation (comme en escalade). Dans tous les cas, la performance sportive se détermine par rapport à des règles. En haut niveau, la performance, c’est se rapprocher voire dépasser la norme des meilleurs. »

Pour celles et ceux qui ne font pas du haut niveau, « pratiquer un sport en ayant en tête des objectifs de performance, même quand on débute, c’est avant tout une question de dynamique », précise Edwin Gaufrès.

Sommes-nous égaux face à la performance ?

Viser la performance, c’est aller au-delà de ses limites ? Notre expert exprime ses réserves. « Je ne suis pas très à l’aise avec cette idée. Elle peut être dangereuse, parce qu’elle peut conduire à des pratiques risquées et arriver jusqu’à la blessure. Je préfère une approche plus positive, qui nous encourage à améliorer nos capacités ». D’après lui, si certains athlètes se démarquent par une physiologie et une génétique hors du commun, « nous sommes tous toujours un peu en deçà de ce que notre corps est vraiment capable de faire. » Il fait un clin d’œil à Tim Noakes, un éminent spécialiste en sciences de l’exercice et de la médecine sportive de l’université du Cap, également connu pour avoir couru plus de 70 marathons et ultramarathons. « L’entrainement bat le talent. Nous sommes capables de bien plus que ce qu’on croit pouvoir atteindre. » Le secret pour s’en rapprocher ? « Le travail et la motivation ! ».

Mais alors, quoi faire quand justement, nous n’avons plus l’impression de progresser, d’avoir atteint un palier ? « La première erreur serait de penser qu’on n’améliore plus ses performances parce qu’on a atteint ses limites physiologiques. Parfois, c’est que le cercle vertueux stimulation, motivation s’est enrayé. Il faut trouver de quoi le réactiver. Le corps et le cerveau s’adaptent. De temps en temps ils ont simplement besoin d’un peu plus de temps. N’oublions pas non plus que la courbe du progrès n’est pas linéaire. Quand on débute dans une discipline, les progrès peuvent être rapides et impressionnants. Mais passé un certain niveau, ça ralentit, c’est normal. Plus on progresse, moins on progresse vite. Ce qui compte, c’est de savoir faire preuve de patience et de résilience. »

Sportif de haut niveau lui-même et grand compétiteur, Edwin Gaufrès s’est souvent frotté à l’épineux sujet de la progression. « S’entrainer, c’est comprendre les facteurs d’optimisations qui fonctionnent pour nous. C’est du test and learn, jusqu’à ce qu’on trouve ce qui est le plus efficace. Dépasser les effets de palier, c’est avoir une vision à long terme. »

Edwin Gaufres escalade sportive et performance

Et si le secret de la performance, c’était le repos ?

Edwin Gaufrès nous livre malgré tout quelques-unes de ses astuces pour booster ses résultats sportifs. « On ne progresse pas dans l’effort, mais dans le repos. Nos muscles fonctionnent un peu comme une armée, explique le kiné militaire. Pendant l’effort, on les attaque, on casse les fibres. En phase de repos, ils travaillent avec notre cerveau à se reconstruire et à se réorganiser, afin qu’ils soient mieux préparés, plus forts et plus résistants lors de la prochaine attaque. Il faut les laisser intégrer ce qu’ils ont vécu et ressenti, pour qu’ils apprennent à automatiser leur réponse en se régénérant. »

Sa première recommandation ? « Dormir ! » s’exclame-t-il. « Mettre du temps et de l’énergie dans des pratiques un peu techniques de récupération comme des séances de kiné ou de la cryothérapie si vous ne dormez pas environ 9 h par jour, c’est contreproductif ». Ce jeune papa avoue lui-même cultiver l’art de la sieste dès qu’il peut pour atteindre son quota d’heures de sommeil.

Il ajoute qu’il faut être vigilants quant à la nutrition et l’hydratation, pour aider les muscles à construire les briques dont ils ont besoin. Ce qui est important, c’est de veiller à un équilibre alimentaire. « Il faut faire attention à avoir un bon apport en protéines. On recommande de consommer 1 g par jour et par kilo. Si vous pesez 80 kg, ça fait 80 g. Si vous pratiquez un sport d’endurance, montez jusqu’à 1,5 g par kg. Et pour les sports de force, comme l’escalade, on recommande plutôt 2 g par kg. L’autre point sur lequel il faut être vigilant, ce sont les apports en graisses. Donnez à votre corps celles qu’il ne sait pas fabriquer : les omégas 3 insaturés notamment. On en retrouve beaucoup dans les oléagineux. »

Dans tous les cas, dans l’effort, la récupération ou la nutrition, le premier levier de la performance d’après Edwin Gaufrès semble être le plaisir et l’enthousiasme !

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